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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 08:00

Le jeudi en poésie chez les "Croqueurs de mots"

 

Charles Baudelaire 

  (1821-1867)

 

Enivrez-vous

 

Il faut être toujours ivre. Tout est là :

Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules,

Et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trève.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais,

Sur l'herbe verte d'un fossé,

Dans la solitude morne de votre chambre,

Vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue,

Demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'horloge,

A tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule,

A tout ce qui chante, à tout ce qui parle,

Demandez quelle heure il est,

Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge,

Vous répondront : "Il est l'heure de s'ennivrer !

Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps,

Enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse !

De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

s-enivrer-de-parfums.jpg s'enivrer de parfums

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 08:00

Chez les "Croqueurs de mots"

 

Guillaume_Apollinaire.jpg

Guillaume Apollinaire

(1880/1918)

 

Le pont Mirabeau

   

Sous le pont de Paris, coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu'il m'en souvienne

La joie venez toujours après la peine

 

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont  je demeure

   

Les mains dans les mains resteront face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse

 

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

 

L'amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l'espérance est violente

 

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

 

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le Pont Mirabeau coule la Seine

 

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure 

pont Mirabeau nuit 2 

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 07:00

Le jeudi en poésie chez les "Croqueurs de mots"

 

Victor Hugo qui pense

Victor Hugo (1802 - 1885)

 

Les femmes sont sur la terre

Pour tout idéaliser;

L'Univers est un mystère

Que commente leur baiser.

 

C'est l'amour qui, pour ceinture,

A l'onde et le firmament,

Et dont toute la nature,

N'est, au fond, que l'ornement.

 

Tout ce qui brille, offre à l'âme

Son parfum ou sa couleur,

Si Dieu n'avait fait la femme,

Il n'aurait pas fait la fleur.

 

A quoi bon vos étincelles,

Bleus saphirs, sans les yeux doux ?

Les diamants, sans les belles,

Ne sont plus que des cailloux;

 

Et dans les charmilles vertes,

Les roses dorment debout,

Et sont des bouches ouvertes

Pour ne dire rien du tout.

 

Tout objet qui charme ou rêve

Tient des femmes sa clarté;

La perle blanche sans Eve,

Sans toi, ma fière beauté,

 

Ressemblant, tout enlaidie,

A mon amour qui te fuit,

N'est plus que la maladie

D'une bête dans la nuit.

 

Recueil : Les Contemplations.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 08:00

Pour le jeudi en poésie chez les Croqueurs de Mots.  

 

Paul_Verlaine1112.pngPaul Verlaine 

 

Mon cher enfant, que j'ai vu dans ma vie errante,

Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis,

Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme le lys,

Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante !

 

 

Et beau comme notre âme pure et transparente,

Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente,

De mon effort de charité, nous, fleurs de lys !

On te dit mort ... Mort ou vivant, sois ma mémoire !

 

Et qu'on ne hurle plus que c'est de la gloire

Que je m'occupe, fou qu'il fallut et qu'il faut ...

Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,

 

Quoi qu'on aient dit et dit tels imbéciles noirs

Compagnon qui ressucitas les saints espoirs,

Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres.

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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 08:00

 Le jeudi en poésie chez les "Croqueurs de mots

 

 

Ton nom

coeur-sur-sable.jpg 

J'ai écrit ton nom sur le sable,

Mais la vague l'a emporté,

J'ai écrit ton nom sur l'arbre,

mais l'écorce est tombée,

J'ai écrit ton nom sur une pierre,

Mais le roc a cassé,

Enfin j'ai enfoui ton nom dans mon coeur,

et le temps l'a gardé.

 

Geneviève Galarneau

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 08:00

Pour le jeudi en poésie chez les Croqueurs de Mots.

 

fenetre-la-nuit.jpg

(illustration de Boudok)

 

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée.

Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle.

Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière notre vitre.

Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par-delà des vagues de toîts, j'aperçois une femme mure, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais.

Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte en pleurant.

Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous : "Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ?"

Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

 

Charles Baudelaire (1821.1867)

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 08:00

Le jeudi en poésie chez les croqueurs de mots

   

paul valéry 

Paul Valéry (1871-1945)

 

LA FILEUSE 

 

Assise, la fileuse au bleu de la croisée

Où le jardin mélodieux se dodeline ;

Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée.

 

Lasse, ayant bu l'azur, de fîler la câline

Chevelure, à ses doigts si faibles, évasive,

Elle songe, et sa tête petite s'incline.

 

Un arbuste et l'air pur font une source vive

Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose

De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive.

 

Une tige, où le vent vagabond se repose,

Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,

Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

 

Mais la dormeuse file une laine isolée ;

Mystérieusement l'ombre frêle se tresse

Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

 

Le songe se dévide avec une paresse

Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,

La chevelure ondule au gré de la caresse ...

 

Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule,

Fileuse de feuillage et de lumière ceinte ;

Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

 

Ta soeur, la grande rose où sourit une sainte,

Parfume ton front vague au vent de son haleine

Innocente, et tu crois languir ..... Tu es éteinte

 

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

paul valéry signature 

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 08:00

Pour Les Croqueurs de Mots, la poésie du Jeudi.

 

Jean-Pierre Claris de Florian

jean-pierre-claris-de-florian.jpg (1755-1794)

  

Les serins et le chardonneret

 

serin cini jeune 

Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret

Parmi les oeufs d'une serine

Glissé l'oeuf d'un chardonneret.

La mère des serins, bien plus tendre que fine,

Ne s'en aperçut point, et couva comme sien

Cet oeuf qui dans peu vint à bien.

Le petit étranger, sorti de sa coquille,

Des deux époux trompés reçoit les tendres soins,

Par eux traité ni plus ni moins

Que s'il était de la famille.

Couché dans le duvet, il dort le long du jour

A côté des serins dont il se croit le frère,

Recoit la becquée à son tour,

Et repose la nuit sous l'aile de la mère.

Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau,

D'un brillant plumage s'habille ;

Le chardonneret seul ne devient point joinquille,

Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau.

Ses frères pensent de même :

Douce erreur qui toujours fait voir l'objet qu'on aime

Ressemblant à nous trait pour trait !

Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret

Vient lui dire : "Il est temps enfin de vous connaître ;

Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments

Ne sont point du tout vos parents.

C'est d'un chardonneret que le sort vous fît naitre,

Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous,

Vous avez le corps fauve et la tête écarlate,

Le bec ....." Oui, dit l'oiseau, j'ai ce qu'il vous plaira,

Mais je n'ai point une âme ingrate,

Et mon coeur toujours chérira

Ceux qui soignèrent mon enfance.

Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien, 

J'en suis fâché ; mais leur coeur et le mien

Ont une grande ressemblance.

Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,

Leurs soins me prouvent le contraire ;

Rien n'est vrai comme ce qu'on sent.

Pour un oiseau reconnaisant

Un bienfaiteur est plus qu'un père." 

chardonneret03

 

 

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 08:00

Pour le jeudi en poésie chez "Les Croqueurs de Mots".

 

 

Charles Baudelaire (1821 - 1867)

 

 

mer.jpg 

L'Homme et la mer.

 

Homme libre, toujours, tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame.

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

 

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;

Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur

Se distrait quelquefois de sa propre rumeur

Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

 

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :

Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,

Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,

Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

 

Et cependant voilà des siècles innombrables

Que vous vous combattez sans pitié ni remord,

Tellement vous aimez le carnage et la mort,

Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

 

Extrait Des Fleurs Mal.

Par Charles Baudelaire

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 08:00

 

Jacques Prevert jpg

 

Le temps perdu.

 

Devant la porte de l'usine

le travailleur soudain s'arrête

le beau temps l'a tiré par la veste

et comme il se retourne

et regarde le soleil

tout rouge tout rond

souriant dans son ciel de plomb

il cligne de l'oeil

familièrement.

Dis donc camarade Soleil

tu ne trouves pas

que c'est plutôt con

de donner une journée pareille

à un patron ?

Soleil%20levant

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