Pour le jeudi en poésie chez les Croqueurs de Mots.
Paul Verlaine
Mon cher enfant, que j'ai vu dans ma vie errante,
Mon cher enfant, que, mon Dieu, tu me recueillis,
Moi-même pauvre ainsi que toi, purs comme le lys,
Mon cher enfant que j'ai vu dans ma vie errante !
Et beau comme notre âme pure et transparente,
Mon cher enfant, grande vertu de moi, la rente,
De mon effort de charité, nous, fleurs de lys !
On te dit mort ... Mort ou vivant, sois ma mémoire !
Et qu'on ne hurle plus que c'est de la gloire
Que je m'occupe, fou qu'il fallut et qu'il faut ...
Petit ! mort ou vivant, qui fis vibrer mes fibres,
Quoi qu'on aient dit et dit tels imbéciles noirs
Compagnon qui ressucitas les saints espoirs,
Va donc, vivant ou mort, dans les espaces libres.