Chez les Croqueurs de mots, notre Capitaine Tricotine propose : Oeil ou yeux
(1897-1982)
Les yeux d'Elsa
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire |
Chez les Croqueurs de mots, notre Capitaine Tricotine propose : Oeil ou yeux
(1897-1982)
Les yeux d'Elsa
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire |
Chez les Croqueurs de mots, notre Capitaine Tricotine propose "Visions - Regards -
Regards de ma compagne de vie.
De tes yeux d'ébène
Je comprends les paroles
Gaies ou tristes.
Tes yeux d'ébène
Transmettent tes sentiments
Quand tu écoutes mes paroles
Tes yeux d'ébène
Savent implorer
Ce que tu attends.
Tes yeux d'ébène
M'ont si vite fait comprendre
Qu'un drame venait d'éclater.
Tes yeux d'ébène
Ont su chaque jour
me réconforter
Tes yeux d'ébène
Ma blanche Tuhina
Sont un enchantement.
Mamie Claude
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
(1855-1916)
Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Emile Verhaeren
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
(1854-1905)
Complainte amoureuse.
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le dise
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez
Alphonse Allais
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
(1524/1585)
De l'élection de son sépulcre
Autres, et vous, fontaines,
De ces roches hautaines
Qui tombez contre-bas
D'un glissant pas,
Et vous, forêts et ondes
Par ces prés vagabondes,
Et vous, rives et bois,
Oyez ma voix.
Quand le ciel et mon heure
Jugeront que je meure,
Ravi du beau séjour
Du commun jour,
Je défends qu'on me rompe
Le marbre, pour la pompe
De vouloir mon tombeau
Bâtir plus beau ;
Mais bien je veux qu'un arbre
M'ombrage en lieu d'un marbre,
Arbre qui soit couvert
Toujours de vert.
De moi puisse la terre
Engendrer un lierre,
M'embrassant en maint tour
Tout à l'entour,
Et la vigne tortisse
Mon sépulcre embellisse,
Faisant de toutes parts
Un ombre épars.
Là viendront chaque année
A ma fête ordonnée
Avec leurs troupeaux
Les pastoureaux ;
Puis ayant fait l'office
De leur beau sacrifice,
Parlant à l'île ainsi
Diront ceci :
"Que tu es renommée
D'être tombeau nommée
D'un de qui l'univers
Chante les vers !"
Les Odes (4ème livre)
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
avec un clin d'oeil à Asiamour
L'amour,la poésie.
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard
(1895-1952)
Leurs yeux toujours purs
Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d’aiguilles perdues
Jours de paupières closes à l’horizon des mers,
D’heures toutes semblables, jours de captivité.
Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l’amour,
L’aurore qu’il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.
Pourtant, j’ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d’argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l’eau, je les ai vus.
Leurs ailes sont les miennes, rien n’existe
Que leur vol qui secoue ma misère
Leur vol d’étoile et de lumière
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,
Ma pensée soutenue par la vie et la mort.
Paul Eluard
Un passage de la vie de ce grand auteur, compositeur et interprète français
(1921-1981)
À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont. Georges s’y réfugie le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz, ni électricité (donc pas de radio), ni le tout-à-l’égout. Dans la petite cour, une vraie ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane qu'il célèbrera dans une chanson. Il est loin de se douter qu’il y restera 22 ans.
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
(1856-1910)
Un troupeau ...
Un troupeau gracieux de jeunes courtisanes
S'ébat et rit dans la forêt de mon âme.
Un bûcheron taciturne et fou frappe
De sa cognée dans la forêt de mon âme.
Mais n'ai-je pas fait chanter sous mes doigts
(Bûcheron, frappe !) la lyre torse trois fois ?
(Bûcheron, frappe !) n'est-elle pas, mon âme,
Comme un qui presse de rapides coursiers ?
Du recueil "Le pellerin passionné"
Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)
(mais erreur dans mes programmations, pardon.)
(1694-1778)
O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages:
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes.
Voltaire (extrait du poème sur le désastre de Lisbonne - 1756)