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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 08:00

Chez les Croqueurs de mots, notre Capitaine Tricotine propose : Oeil ou yeux

  Louis Aragon

  (1897-1982)

Les yeux d'Elsa

 

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux
L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août
J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

LOUIS ARAGON

 
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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 08:00

Chez les Croqueurs de mots,  notre Capitaine Tricotine propose "Visions - Regards -

 

Regards de ma compagne de vie.

 

De tes yeux d'ébène

Je comprends les paroles

Gaies ou tristes.

 

Tes yeux d'ébène

Transmettent tes sentiments

Quand tu écoutes mes paroles

 

Tes yeux d'ébène

Savent implorer

Ce que tu attends.

 

Tes yeux d'ébène

M'ont si vite  fait comprendre

Qu'un drame venait d'éclater. 

 

Tes yeux d'ébène

Ont su chaque jour

me réconforter 

 

Tes yeux d'ébène

Ma blanche Tuhina

Sont un enchantement.

Mamie Claude

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 08:00

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

 

  Emile-Verhaeren.jpg

(1855-1916)

 

Le vent


Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
 

                                               Emile Verhaeren 

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 08:00

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

Alphonse-Allais.jpg

(1854-1905)

 

Complainte amoureuse.

 

Oui dès l'instant que je vous vis

Beauté féroce, vous me plûtes

De l'amour qu'en vos yeux je pris

Sur-le-champ vous vous aperçûtes

 

Ah ! Fallait-il que vous me plussiez

Qu'ingénument je vous le dise

Qu'avec orgueil vous vous tussiez

Fallait-il que je vous aimasse

Que vous me désespérassiez

Et qu'enfin je m'opiniâtrasse

Et que je vous idolâtrasse

Pour que vous m'assassinassiez

 

Alphonse Allais 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 08:00

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

PierredeRonsard1620

(1524/1585)

 

De l'élection de son sépulcre

 

Autres, et vous, fontaines,

De ces roches hautaines

Qui tombez contre-bas

D'un glissant pas,

 

Et vous, forêts et ondes

Par ces prés vagabondes,

Et vous, rives et bois,

Oyez ma voix.

 

Quand le ciel et mon heure

Jugeront que je meure,

Ravi du beau séjour

Du commun jour,

 

Je défends qu'on me rompe

Le marbre, pour la pompe

De vouloir mon tombeau

Bâtir plus beau ;

 

Mais bien je veux qu'un arbre

M'ombrage en lieu d'un marbre,

Arbre qui soit couvert

Toujours de vert.

 

De moi puisse la terre

Engendrer un lierre,

M'embrassant en maint tour

Tout à l'entour,

 

Et la vigne tortisse

Mon sépulcre embellisse,

Faisant de toutes parts

Un ombre épars.

 

Là viendront chaque année

A ma fête ordonnée

Avec leurs troupeaux

Les pastoureaux ;

 

Puis ayant fait l'office

De leur beau sacrifice,

Parlant à l'île ainsi

Diront ceci :

 

"Que tu es renommée

D'être tombeau nommée

D'un de qui l'univers

Chante les vers !"

Les Odes (4ème livre)

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 08:00

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

 avec un clin d'oeil à Asiamour

 

paul eluard

L'amour,la poésie.

 

La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.


Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 08:00

 

paul eluard

 (1895-1952)

Leurs yeux toujours purs

 

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d’aiguilles perdues
Jours de paupières closes à l’horizon des mers,
D’heures toutes semblables, jours de captivité.

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l’amour,
L’aurore qu’il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant, j’ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d’argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l’eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n’existe
Que leur vol qui secoue ma misère
Leur vol d’étoile et de lumière
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.

 

 

 

Paul Eluard

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 08:00

Un passage de la vie de ce grand  auteur,  compositeur et interprète français  

 

GEORGES-GRASSENS.jpg(1921-1981) 

 

 

À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont. Georges s’y réfugie le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz, ni électricité (donc pas de radio), ni le tout-à-l’égout. Dans la petite cour, une vraie ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane qu'il célèbrera dans une chanson. Il est loin de se douter qu’il y restera 22 ans.

   

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 08:00

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

 

Moreas-Jean--1856-1910.jpg(1856-1910)

  Un troupeau ...

Un troupeau gracieux de jeunes courtisanes
S'ébat et rit dans la forêt de mon âme.
Un bûcheron taciturne et fou frappe
De sa cognée dans la forêt de mon âme.

Mais n'ai-je pas fait chanter sous mes doigts
(Bûcheron, frappe !) la lyre torse trois fois ?
(Bûcheron, frappe !) n'est-elle pas, mon âme,
Comme un qui presse de rapides coursiers ?

 

 

Du recueil  "Le pellerin passionné"

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 08:00

 

Le jeudi chez les CROQUEURS DE MOTS on publie, nos poètes préférés ou, nos poèmes (texte et forme libres)

  (mais erreur dans mes programmations, pardon.)

Voltaire-1694-1778.jpg(1694-1778)

 

 

O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages:
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes.

 

Voltaire (extrait du poème sur le désastre de Lisbonne - 1756)

 

 

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